Ne lisez pas les journaux.

Récemment, en lisant un livre de C.S. Lewis, je tombais sur ce paragraphe, écris en 1955:

« Même en temps de paix, je trouve que ceux qui affirment que les enseignants doivent encourager leurs élèves à lire les journaux ont grand tort.

Ils s’apercevront, avant d’avoir vingt ans, qu’à peu près tout ce qu’ils y ont lu dans leur adolescence était exagéré ou mal intérprété, pour ne pas dire carrément faux quant aux faits, et que la plupart des informations auront perdu toute importance.

Il faudra donc oublier à peu près tout ce dont ils se souviennent; et ils auront probablement acquis un goût incurable de la vulgarité et du sensationnel, et l’habitude néfaste de papilloner d’un paragraphe à l’autre pour apprendre le divorce d’une actrice en Californie, le déraillement d’un train en France, et la naissance de quadruplés en Nouvelle-Zélande. »1

Je trouve cette courte réflexion lucide, car l’auteur y pointe deux gros défauts de l’actualité: d’une part la vision de court-terme, voire le manque de véracité, et d’autre part le sensationnalisme. Or ce qui était vrai en 1955 ne l’est que d’autant plus aujourd’hui, avec le développement d’internet.

Vous me direz qu’en tant que citoyen, il faut bien se tenir au courant de l’actualité. C’est à la fois vrai et faux: un journal vous donne l’information, pas les outils pour l’analyser. D’où l’importance de donner aux jeunes le goût de la lecture. Cela passe sans doute par l’éducation, mais aussi par une réduction du coût des livres: 9 euros pour lire « L’insoutenable légèreté de l’être« , de Milan Kundera (d’accord, pas le plus connu des classiques, mais tout de même!), cela fait beaucoup. Même pour des jeunes passionnés par la lecture.

1, « Surpris par la joie », C.S. Lewis, p.206


A quoi sert le blocus?

Comme chaque année, nous sommes plusieurs milliers à être rentrés dans ce que l’on appelle communément « la bloque », ou le « blocus »; en d’autres termes, la période tant redoutée des examens. Est-elle utile? Petite opinion non-scientifique sur la question…

Entre compagnons d’infortune, on a souvent tendance, aux moments de découragement, de clamer haut et fort que « le blocus ne sert à rien », puisqu’à apprendre par cœur une matière, on l’oublie aussitôt.

L’apprentissage par coeur est un mode d’évaluation privilégié des universités francophones.  En effet, il permet d’apprendre la synthèse et la rigueur. Mais il a aussi ses limites: en effet, qui d’entre nous se souvient encore de ses cours passés? Des bribes, des idées, peut-être. Des chapitres entiers, certainement pas.

apprendre à apprendre?

L’université francophone nous apprendrait donc à apprendre, en quelque sorte. Mais est-ce vraiment un système efficace? Il est d’usage, pour répondre à cette question, de comparer notre modèle universitaire avec l’anglo-saxon.
Ce-dernier fonctionne principalement sur une idée « bottom-up », c’est-à-dire que l’enseignant part de la pratique, pour ensuite amener son étudiant vers la théorisation et le général. L’autonomie de l’étudiant est encouragée, et c’est pourquoi les interactions prof-élève sont permises. Cela amène les universités anglo-saxonnes à donner beaucoup plus de travaux et de lectures à leurs étudiants. Au contraire des universités francophones, qui encadrent bien davantage leurs étudiants en leur donnant des cours magistraux où l’interaction avec l’enseignant est l’exception.

Il y a bien entendu des avantages et des inconvénients aux deux approches. D’un côté, on maitriserait bien les concepts, mais on serait souvent incapable de les mettre en pratique; de l’autre, on aurait une moins bonne connaissance théorique, mais on saurait faire preuve de plus d’autonomie.

Dans la réalité

Toutefois dans la réalité, les choses ne sont pas aussi tranchées. Tout d’abord, parce que beaucoup de formations sont un mix de ces deux approches. Ensuite, parce que ce n’est pas tant la manière de travailler qui fait la qualité de la formation, plutôt que le professeur.

En effet, je garde souvent l’impression que de nombreux étudiants quittent l’université  sans un bagage intellectuel suffisant. On peut pointer plusieurs causes à cela:

  • les qualités pédagogiques des professeurs, qui sont trop souvent des chercheurs avant d’être des pédagogues.
  • la façon trop scolaire dont les professeurs interrogent souvent leurs étudiants: ce sont des questions fermées, des QCM;  ou alors une lecture des travaux en diagonale sur base de critères formatés.
  • la façon trop scolaire également de donner cours, lorsque les professeurs acceptent d’être des « faiseurs de diplômes », plutôt que des formateurs, voire des tuteurs.

En conclusion, on pourrait dire que le « blocus » a bel et bien du sens. Mais svp, professeurs, soyez exigeants envers vos étudiants et vous-même! Nous ne devrions pas être là juste pour avoir un diplôme, mais pour apprendre à penser et agir demain. Il en va là également de la responsabilité des étudiants; mais ça, c’est une autre histoire…


la réussite, et autres mythes sur l’intelligence

On assimile souvent l’intelligence à la réussite. « Et si l’extrême intelligence créait une sensibilité exacerbée ? Et si elle pouvait aussi fragiliser et parfois faire souffrir ? »

Récemment, j’assistais à la projection de « limitless », de Neil Burger. Toute l’intrigue de ce film repose en fait sur une drogue spéciale, permettant d’utiliser 100% de ses capacités cérébrales. Comme par magie, ceux qui la prennent se mettent à tout réussir, à tout retenir, et à faire tomber toutes les filles dans leurs bras. Tant et si bien qu’en sortant de la projection, j’entendais ce commentaire d’un spectateur: « ha, si on pouvait renforcer notre intelligence… ce serait incroyable« .

Mais cette vision de l’intelligence correspond-t-elle à la réalité? Dans un de ses livres, « trop intelligent pour être heureux. L’adulte surdoué », Jeanne Siaud-Facchin, une psychologue, nous permet d’aller au-delà de ces croyances.

En effet à partir de son expérience pratique, elle constate effectivement que les personnes ayant un QI élevé peuvent avoir des capacités énormes, qui varient d’une personne à l’autre: elles peuvent parfois se concentrer des heures d’affilées. Elles peuvent dans d’autres cas percevoir des détails dans l’environnement que personne ne percoit. Elles sont capables d’imaginer, de percevoir le ressenti de l’autre, ou encore de retenir des paroles simplement en les écoutant.

Cela étant dit, cette capacité crée toutes une série de difficultés pour la personne « surdouée ». Dans son rapport aux autres, tout d’abord, dont elle se sentira souvent en décalage dès son plus jeune âge, car elle comprend beaucoup plus vite et plus loin que ses camarades. Dans sa capacité à réussir ce qu’elle entreprend, ensuite, car elle percoit à tout moment les risques de chaque situation, et explore tous les scénarios possibles. Enfin, si elle arrive à lier rapidement les éléments entre eux, elle ne peut pas contrôler cette capacité, et ses pensées peuvent la distraire, voire la tourmenter.

Bref, on a toujours tendance à le gommer, mais la vraie réussite sociale est avant tout liée au travail et à l’abnégation, pas à l’intelligence. Comprendre avec acuité ce qui nous entoure est un cadeau inestimable, mais cela va de pair avec des angoisses insondables.

On rappelle souvent que les grands génies avaient un QI incroyable. Mais pour quelques personnages célèbres, combien de SDF, de dépressifs, ou de personnes cassées de n’avoir pu utiliser leur potentiel, faute d’avoir été reconnues et comprises? 

Ci-dessous: la bande-annonce en VO du film « Limitless » de  Neil Burger.


La justice n’apporte pas réparation

Depuis 48 heures, on entend parler que de cela: Michèle Martin devrait être remise dans les prochains jours en liberté conditionnelle.

De l’émotion populaire, accompagnée d’un déchainement médiatique, une seule idée ressort: 15 ans de détention, c’est « trop peu » pour quelqu’un ayant commis des actes pédophiles.

Il y a ici je crois deux types de problèmes:

  • Tout d’abord, dans la manière de traiter l’information. Que la RTBF aille jusqu’à faire une édition spéciale d’un de ses JT à la sortie de Mm. Martin, cela démontre d’une part le traitement ultra-sensationnaliste de l’info et la dépendance à l’audience, et d’autre part le manque clair de professionnalisme de certains journalistes, qui se permettent de faire micro-trottoir sur micro-trottoir, afin d’avoir des images.
  • Ensuite, vient le problème de fond: on demande à la justice de jouer un rôle qui n’est pas le sien. Je me rappelle au cours de mes premières années d’étude, d’un de mes professeurs de droit qui avait commencé son cours en nous disant ceci: «  les victimes attendent de la Justice une réparation, alors qu’elle ne peut leur offrir qu’une compensation. Par conséquent, les attentes des victimes ne seront jamais comblées« .

Bien entendu, la reconnaissance du tort causé est importante, et elle va de pair avec un certain nombre d’années de prison. Mais le but final doit rester la réinsertion de la personne dans la société:  la Justice n’a pas pour but de venger les victimes et d’enfermer les méchants. Je pense que c’est sur le rôle de la Justice qu’il faut avant tout se mettre d’accord, car tous les autres débats (peines incompressibles, peines pour les mineurs, etc…) en découlent.

Pour terminer, je me demande enfin pourquoi on se focalise tellement sur la libération de Mm. Martin: est-ce une ancienne émotion qui ressurgit? Ou plutôt, comme le suggère le groupe facebook « Contre la libération de Michèle Martin » (qui a été supprimé, puis recréé), est-ce pour se protéger en désignant un monstre qui incarne nos peurs?

Ci-dessous: le groupe facebook avant qu’il ne soit supprimé.


Ne faites confiance à personne

Il est une règle essentielle et trop souvent oubliée dans l’apprentissage: il ne faut faire confiance à personne.

Attention, je ne parle pas ici de la confiance en terme de relation. Il est essentiel pour chacun de nous de créer des liens de confiance avec d’autres individus. Mais lorsqu’il s’agit de savoir, on ne peut se faire confiance qu’à soi-même.

Il y a plusieurs raisons à cela:

  • de trois, on ne contredit pas quelqu’un qui est sûr de lui.  Ce principe est magnifiquement illustré dans le film « Catch me if you can », de Steven Spielberg, où un escroc-caméléon échappe aux policiers en changeant de personnalité… et de costume! (voir l’extrait plus bas)

Et lorsque le policier le coince enfin, ils ont ce dialogue surprenant:

« tell me this; how did you know I wouldn’t look in your wallet? »

-The same reason the Yankees always win. Nobody can keep their eyes off the pinstripes. »

De fait, iriez-vous contredire un scientifique en blouse blanche qui vous affirme avec conviction que l’escargot grimpe en haut des arbres?

  • de quatre, peu de personnes recoupent les infos qu’elles reçoivent. Avoir le réflexe d’aller vérifier une information n’est pas quelque chose d’inné, mais c’est pourtant essentiel: il suffit de voir le succès énorme de l’émission « bye-bye Belgium » d’il y a deux ans, lorsque les 3/4 des belges francophones ont cru à une information… qui n’était relayée par aucune autre chaine, ni radio!

Bref, définitivement, en matière de savoir, c’est chacun pour soi. Cela n’empêche pas de s’appuyer sur d’autres, mais il faut à tout moment vérifier leurs dires, et les remettre en question.

C’est donc un processus sans fin! Mais cela dit, savoir sur quoi s’appuie ce dont on parle est vraiment libérateur…

Extrait de « Catch me if you can » de Steven Spielberg


Se moquer de son adversaire

On le dit souvent, le rire est une arme à double tranchant. En art oratoire, c’est un peu différent: le rire est plutôt doublement tranchant…

En effet, quoi de plus malin que de parvenir au cours d’un discours à se moquer de son adversaire? Cela permet de diminuer la portée de ses arguments et sa crédibilité aux yeux d’une assemblée. En gros, cela permet de convaincre. Voire, et c’est pire, de déstabiliser totalement son adversaire.

Le buzz des courtes vidéos sur internet amplifie encore ce phénomène, lui permettant d’avoir parfois un effet durable.

En politique, ce ne sont pas les exemples qui manquent. Dans l’actualité toute récente, reprenons l’attaque de Barack Obama contre la Fox, et un de ces présentateurs vedettes, Donald Trump. Attention, il s’agissait du dinner annuel des correspondants, et le public lui était à la base acquis; mais la charge reste forte:

S’il n’y a pas de méthode proprement dite, on peut toutefois définir quelques règles utiles pour utiliser cette technique de conviction:

1) la blague doit autant que possible mettre la personne en contexte, dans une situation précise, ou utiliser une comparaison. Ainsi, on crée une image de son adversaire qui s’impose aux auditeurs. Par exemple: « vous êtes un peu comme un éléphant débarquant dans un magasin de porcelaine« , ou bien « quand vous étiez à côté de moi, vous vous agitiez comme un petit enfant »

2) ensuite, la blague doit impliquer le public, ce qui signifie savoir qui on a en face de soi: l’assemblée risque en effet de se retourner contre l’orateur si elle ne partage pas son humour.

3) enfin, la blague doit reprendre des éléments caractéristiques de ce que l’adversaire a dit.

Dans les mauvais exemples, citons ainsi le cas de Berlusconi, dont sa blague devant le parlement européen avait fait à l’époque beaucoup grincer des dents:

Plus près de chez nous, Nicolas Sarkozy est un véritable spécialiste de ce genre d’exercice, en voici deux exemples connus:

On l’aura compris, si toutes ces conditions sont réunies, se moquer de son adversaire peut être une arme redoutable dans un débat public. Mais elle nécessite un bon ressenti de son public, un peu de charisme et enfin une bonne dose de capacité d’improvisation. Cet exercice est donc par là plutôt réservé aux orateurs confirmés.

Mais que faire face à un orateur de ce type? D’abord, il faut pouvoir déceler la manipulation oratoire. Car, s’il est très difficile de contrer une blague dans le feu de l’action, du moins peut-on ainsi éviter d’être déstabilisé, en sachant que ce n’est en rien un argument ou une quelconque vérité. Plus facile à dire qu’à faire? Question d’entrainement sans doute…


L’illusion de la proximité

Comme tout le monde, j’ai suivi au cours des dernières 24h la mort d’Oussama Ben Laden, et les nombreux commentaires dont elle a fait l’objet.

Bien entendu, on a eu droit à des interviews de spécialistes, à de (fausses) images du cadavre, à tout le détail de l’opération. Mais, fait étrange, nous avons aussi eu le droit, grâce à l’AFP, de savoir comment le président Obama avait pris sa décision. Nous avons également eu des photos prises en direct de la salle de crise.

Cette idée de « vivre l’histoire de l’intérieur » est tout sauf improvisée et innocente. Elle a plusieurs objectifs:

  • De un, donner une illusion de transparence: on sait comment tout cela s’est passé, on ne cache rien au public.
  • De deux, donner une illusion de proximité: nous sommes proche de vous, vous pouvez vous mettre à notre place.
  • De trois, intéresser à la politique, en dévoilant le mystère, les coulisses du pouvoir.

Cette stratégie de communication est appliquée depuis le début de son mandat par l’administration Obama. On se souvient ainsi des photos du moment où il apprenait les résultats de l’élection présidentielle, ou de ce reportage de Msnbc « Inside the Obama White House ». Par ailleurs le compte Flickr d’Obama est régulièrement alimenté de photos montrant le « quotidien » du Président.

Honnêtement, il faut le reconnaitre, cela fonctionne: on a envie de se passionner pour ce qu’il se passe à la Maison Blanche. Mais quel travail! Comme se demandait récemment David sur son blog « Confluence »: « je ne peux m’empêcher de soulever la question suivante : Obama est-il suivi 24H/24H par un photographe officiel ? » C’est très probable. Et cela permet d’essayer d’imaginer la somme de travail de communication incroyable qu’il y a derrière la « machine » Obama.

PS: en passant, avez-vous remarqué, sur la photo en haut de l’article, l’objet « flouté »?


La poste française (et belge?)

Récemment, j’écoutais un reportage édifiant sur l’état actuel de la Poste française.
Bon, bien sûr, il provient de l’émission de « là-bas si j’y suis », émission que l’on peut accuser d’être orientée… mais certainement pas de bâcler ses reportages.

Dans « Touche pas à ma Poste« , les journalistes décrivent, démonstration à l’appui, un univers ultra-privatisé, où seule la rentabilité compte, et où la mission première – envoyer des lettres – passe totalement au second plan, laissant la place à toute une série de services sans aucun lien, comme la vente de corde à sauter ou de brosses à dent.

Évidement, la Poste française n’est pas la poste belge… En théorie. Mais en pratique, ne suit-elle pas lentement et sûrement le même chemin? (à partir de 13min20)

>Ecouter l’émission (mp3)

>Ecouter l’émission (en Ogg)

Plusieurs éléments nous permettent en tout cas de faire un rapprochement:

-la fermeture progressive des bureaux de poste, et leur déplacements vers des grandes surfaces.

-la diversification des « produits » vendus. (offre de téléphonie mobile, timbres de collection, …)

-les grèves à répétition, suite à la modification des plans « géoroutes ».

Cela étant dit, il faudrait, tout comme pour cette émission, des témoignages venant de l’intérieur pour nous dire ce qu’il se passe vraiment chez la Poste… Pardon, Bpost!


« Vanitas Vanitatum »

Ce matin, j’ai été surpris en lisant un tweet de @huguesCapet (pour ne pas le nommer), qui écrivait ceci:

« Le Royal Wedding c’est comme la Star Ac. Personne ne regarde mais tout le monde est au courant.  #VanitasVanitatum »

Je me suis interrogé sur la signification de l’expression latine « Vanitas Vanitatum« .

« Vanitas Vanitatum » sont les premiers mots du livre de l’Ecclesiaste, tiré de la Bible. Ils signifient « Vanité des vanités », et sont le début d’une réflexion sur la nature passagère et vaine  de la vie humaine.

Ce livre extraordinaire, qu’au passage je ne connaissais absolument pas, se compose d’après Wikipédia de réflexions personnelles ou autobiographiques,  évoquant le sens de la vie et la façon de la mener. Il aurait été rédigé entre le deuxième et le troisième siècle, son origine exacte restant inconnue.

Je ne résiste pas à l’envie de vous en donner ici le premier chapitre, en vous invitant à poursuivre la lecture

« Livre de l’Ecclésiaste

1.1 Paroles de l’Ecclésiaste, fils de David, roi de Jérusalem.

1.2 Vanité des vanités, dit l’Ecclésiaste, vanité des vanités, tout est vanité.
1.3 Quel avantage revient-il à l’homme de toute la peine qu’il se donne sous le soleil?
1.4 Une génération s’en va, une autre vient, et la terre subsiste toujours.
1.5 Le soleil se lève, le soleil se couche; il soupire après le lieu d’où il se lève de nouveau.
1.6  Le vent se dirige vers le midi, tourne vers le nord; puis il tourne encore, et reprend les mêmes circuits.
1.7 Tous les fleuves vont à la mer, et la mer n’est point remplie; ils continuent à aller vers le lieu où ils se dirigent.
1.8 Toutes choses sont en travail au delà de ce qu’on peut dire; l’oeil ne se rassasie pas de voir, et l’oreille ne se lasse pas d’entendre.
1.9 Ce qui a été, c’est ce qui sera, et ce qui s’est fait, c’est ce qui se fera, il n’y a rien de nouveau sous le soleil.
1.10 S’il est une chose dont on dise: Vois ceci, c’est nouveau! cette chose existait déjà dans les siècles qui nous ont précédés.
1.11 On ne se souvient pas de ce qui est ancien; et ce qui arrivera dans la suite ne laissera pas de souvenir chez ceux qui vivront plus tard.
1.12 Moi, l’Ecclésiaste, j’ai été roi d’Israël à Jérusalem.
1.13 J’ai appliqué mon coeur à rechercher et à sonder par la sagesse tout ce qui se fait sous les cieux: c’est là une occupation pénible, à laquelle Dieu soumet les fils de l’homme.
1.14 J’ai vu tout ce qui se fait sous le soleil; et voici, tout est vanité et poursuite du vent.
1.15 Ce qui est courbé ne peut se redresser, et ce qui manque ne peut être compté.
1.16 J’ai dit en mon coeur: Voici, j’ai grandi et surpassé en sagesse tous ceux qui ont dominé avant moi sur Jérusalem, et mon coeur a vu beaucoup de sagesse et de science.
1.17 J’ai appliqué mon coeur à connaître la sagesse, et à connaître la sottise et la folie; j’ai compris que cela aussi c’est la poursuite du vent.
1.18 Car avec beaucoup de sagesse on a beaucoup de chagrin, et celui qui augmente sa science augmente sa douleur. »

La superstition du pigeon

(information reprise depuis le blog de kapheeine)

  Qui d’entre nous ne s’est jamais laissé   dire que  les choses bien  n’arrivaient jamais sans raison, qu’on les assumait d’autant mieux que l’on pensait les avoir méritées ?

Il a été montré qu’un pigeon, enfermé dans une boîte, parvient rapidement à associer le fait de pousser un bouton et l’accès à une récompense. On a cependant remarqué que si la trappe menant à la nourriture s’ouvrait à intervalle régulier, sans aucune autre raison qu’un déclenchement automatique et programmé par exemple toutes les 60 secondes, alors le pigeon reliera ce qu’il était en train de faire (par exemple battre des ailes ou bouger sa tête de droite à gauche) à la récompense.

Et ainsi, par espoir d’un lien de causalité, il se mettra à battre des ailes ou à remuer sa tête de droite à gauche – entre deux ouvertures de porte – pensant que ses efforts seront récompensés par l’ouverture (pourtant automatisée). On peut alors dire que le pigeon a développé un système de superstition.

Peut-on étendre cette observation à l’homme? Hé bien, mettons-nous à la place du pigeon.Imaginons que vous choisissiez un job. Si au bout de 2 semaines, à cause d’une restructuration au sein de l ‘entreprise, vous êtes virés, vous aurez tendance à vous accuser d’avoir mal choisis, mal prévu. Par contre, si par la même restructuration, vous êtes promu directeur, vous vous féliciterez de votre choix. Alors que dans les deux cas, vous n’y êtes peut-être pour rien! Vous aurez même peut-être tendance à expliquer ces changements par une volonté divine, ou par le hasard des choses.

Par conséquent, l’on peut dire que tout ce qui nous arrive ne dépend en réalité que de deux choses: le hasard, et nos propres choix.

C’est là que certains catholiques me sortiront l’argument de Dieu, qui interviendrait dans nos vies. Ils oublient une chose: d’après la doctrine catholique, Dieu n’intervient pas contre la volonté de l’être humain, qui peut le rejeter. Et si l’on considère que le hasard n’est en grosse majorité que l’ensemble des choix faits par les êtres humains, on peut en conclure que Dieu n’intervient pas dans l’équation.

Pour ceux qui n’ont pas suivi, une petite vidéo, issue du film Mr. Nobody: